accueil
actualité
I
Membres de 
l'Académie
I
Prix Mallarmé
   - Lauréats

I
courte histoire de l'Académie
I
Stéphane
Mallarmé
I
contact
I
Daniel Leuwers - membre de l'Académie Mallarmé  
P A R I S   F R A N C E   2 0 2 3
                        powered by  ©  Linda Maria Baros
.
1.


Ce sera très loin sous la mer,
dans le pressentiment d’aurore
où se rassemble la nuit.

La houle honore les récifs
d’un sommeil sage et replié,
riverain du premier souffle.

Ce sera l’assise fragile
d’une île que les vents soulèvent,
que les vents portent aux neiges.

Ce sera demeure fragile,
buée de brume avant que vivre.



2.


Récifs dans la distance.
L’œil est plein de nuit.
Sous les dormeurs, l’île repose.

Bible ouverte du silence,
immobile en tempêtes lactées.

Au large croisent les doutes,
les patiences du rêve. La nuit
écoute sa rive indécise,
le vêtement d’un long temps de mer.

Rien ne guide, rien n’oriente :
registre arrêté sur sa page.

Il faudrait le craquement d’un meuble,
du jeu dans ce tiroir...
Qui est au monde ?
Qui s’évade ?



3.


Le soir, nous parlerons de silence :

il faut se couler au bas des marches
et regarder les jarres dormir,

il faut humer des yeux ces vieux murs
- poussières d’insectes, de mortier,
cendres de spores, d’araignes -,

débusquer la lumière jamais traduite,
la beauté sans cri.

Sommes-nous pas la nouvelle rive,
la crête la plus profonde,
la descente à plus tard et son chemin d’ombre ?

Atteindre au plus loin de l’or
l’île de ténèbre,

encourir l’enfouissement de l’éclair,
sa partie basse d’ocre et d’oubli,
de reproche, de mystère :

le soir sait lire ces lettres de silence,
calciner leurs grappes.

Le soir nous instruit,
nous dévaste de son calme.


Poèmes extraits de L’Île-cicatrice


Paul Farellier, né à Paris en 1934, est poète et critique. Il a longtemps collaboré à La Revue de Belles-Lettres (Genève) et surtout à la revue Les Hommes sans Épaules, dont il fait toujours partie
du comité de rédaction. Il est membre de l’Académie Mallarmé et siège au jury du Prix du Poème en Prose Louis Guillaume.

Pour l’ensemble de son œuvre poétique, regroupée sous le titre L’Entretien devant la nuit (Les Hommes sans Épaules éditions, 2014), il a obtenu, en 2015, le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres.

Parmi ses ouvrages figurent également : L’Intempérie douce (Le Pont de l’Épée, 1984), L’Île-cicatrice suivi de L’invisible grandit (Le Pont de l’Épée, 1987), Une main si simple (Le Pont sous l’eau, 1989), Où la lumière s’abrège (La Bartavelle, 1993), Dans la nuit passante (L’Arbre à paroles, 2000), Tes rives finir (L’Arbre à paroles, 2004), Parlant bas sur ciel (L’Arbre à paroles, 2004), Vintages (plaquette rétrospective 1968-2007, Librairie-Galerie Racine, 2008), Une odeur d’avant la neige (L’Arbre à paroles, 2010).

F  O  N  D  E  E     E  N     1  9  3  7      P  A  R  I  S      F  R  A  N  C  E