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Le vide est prolifique dans le ravin que j’habite
Ne rien avoir à faire
Ne rien vouloir y faire
Et les objets s’agrègent et la pensée s’égare
Des arbres vont pleurer
Des avions passent très haut
Et ton doute bourdonne
Tes sentiments se plaignent et tu as le vertige
Une nausée te prend
Demain mentira-t-il encore ?
Mais si demain ne venait pas ?
Une passerelle jouait dans le soleil
L’amour et la joie sans s’énerver jasaient
On le sait bien pourtant
Les fleurs qu’on n’écoute pas
Fleurissent pour les anges
Tu attendais que vienne à toi le bout de ton chemin
Dans le ravin que j’habite le vide est prolifique
*
La méchanceté grince dans les rues où sont badigeonnées de blanc les plaies. Exécution sommaire des charités de l’enfance, des abîmes s’éternisent. Mais le soleil patient revient sans s’imposer et tout doit recommencer sans s’user dans les coins. Puis les rues vont à des routes, qui vont à des sentiers, et tout cela serpente, et des arbres s’inclinent qui durent doucement dans le temps.
Sans fête ni colère, parmi les fleurs de la lumière.
*
La beauté, sébile ouverte, comme un vide posé sur le temps, ne dira pas qui tu espères.
Les iris et les herbes sensibles tressent des consolations dans le tout qui te hante et te tente et tu vas, sans savoir ce qu’il te faut quitter dans le moment.
L’amour est un vertige qui a besoin de toi et ta décision a éclot, avant que tu ne le saches, où la pourpre manquante devenait le bleu du ciel.
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Gabrielle Althen, professeur émérite des universités, a publié autant de la poésie que de la prose et des essais. Elle a signé douze recueils de poèmes : Présomption de l’éclat (Rougerie, 1981), Noria (Rougerie, 1983),
La Raison aimante (Sud, 1985), Hiérarchies (Rougerie, 1988), Le Pèlerin sentinelle (Le Cherche Midi, 1994),
Le Nu Vigile (La Barbacane, 1995), Cœur fondateur (Voix d’encre, 2006), La belle mendiante suivi de Lettres de René Char à Gabrielle Althen (L’Oreille du Loup, 2009), Vie saxifrage (Al Manar, 2012), La Cavalière indemne (Al Manar, 2015), Soleil patient (Arfuyen, 2015) et La Fête invisible (Gallimard, 2021).
Elle a également publié les contes de métaphysique domestique Le Solo et la Cacophonie (Voix d’encre, 2000) et le roman Hôtel du vide (Aden, 2002) ainsi que les essais Proximité du Sphinx (Intertextes, 1991), Dostoïevski, le meurtre et l’espérance (Le Cerf, 2006), La Splendeur et l’Écharde (Corlevour, 2012).
F O N D E E E N 1 9 3 7 P A R I S F R A N C E
Gabrielle Althen - membre de l'Académie Mallarmé
P A R I S F R A N C E 2 0 2 3
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